Je pressens chez Isabelle Kocher une fragilité de passage de la jeune fille à la femme, qui a en partie conditionné le placement de sa voix.

Qui l’a comme laissée dans un entre deux, entre jeune fille et femme. Coupée de ses appuis en voix de poitrine et qui prend appui sur la gorge et sur les fréquences nasales pour s’imposer

Soit un léger forcing qui l’aide à se projeter et qui l’enferme en même temps dans une certaine froideur… efficace. Qui lui crée une forme de « blindage ».
Pour ne pas se laisser envahir … par les émotions, les peurs, etc.

D’où une voix rassemblée dans le haut de la posture, et qui met le corps entre parenthèses ou à distance.

On peut le voir dans les plans larges où elle apparaît très droite, comme figée. Avec seule la tête qui travaille.

Ceci produit chez Isabelle Kocher, une voix qui ne prends pas toutes ses résonances, de médium et de graves, une voix un peu mate, qui pourrait même passer pour distante s’il n’y avait les expressions du visage et les modulations de la voix.

Néanmoins une voix souriante et généreuse qui aime le contact.

Il s’en dégage une bienveillance qui force l’adhésion et la sympathie. Qui apporte de l’humanité à un propos qui pourrait être purement technique.

Il y a chez Isabelle Kocher une volonté pédagogique de se faire entendre et comprendre par l’accent mis sur certains mots comme MOIS, ACHETE, PRODUIT PAS…

Isabelle Kocher compense son manque de puissance par une diction musclée qui fait la part belle aux consonnes.

En particulier les B, les D et toutes les consonnes qui sonnent. Qui deviennent des petits tremplins qui donnent du rebond à la phrase et du tonus à sa parole.

N’oublions pas que la qualité de la diction est une politesse faite à l’interlocuteur. Mais c’est aussi un levier pour mieux faire comprendre ses idées.

Son visage y participe et nous en dit beaucoup.

Ainsi pour affirmer et renforcer son propos, Isabelle Kocher, attaque de la tête et du front, évoquant pour moi un petit taureau fonceur…

Cette façon d’attaquer ou de marteler les syllabes et les mots est peut-être une compensation à un petit zézaiement de départ qui l’a obligé à s’appliquer et à prendre sur soi pour se corriger.

Maintenant interrogeons-nous sur la portée de cette voix.

La voix volontaire est celle d’une pédagogue et d’une stratège :

• Pédagogue : par la qualité de ses explications et par l’effort d’élocution qu’elle produit pour faire entendre clairement son message, comme on l’a vu avec l’élocution,
• Stratège : par sa tranquillité affichée, sa patience infinie et son écoute de l’autre…

Avec une maîtrise de soi et un grand respect de l’interlocuteur.

Elle est toute écoute. Discrète et efficace.

Elle est ici pour faire le job en tant que porte-parole de l’entreprise. Une parole claire dans un visage sensible et qui respire la gentillesse.

Ce qui n’empêche ni la méthode ni la fermeté.

On la voit dans son rôle de Directrice qui ne laisse rien au hasard, pas même un cheveu sortir du cadre d’une chevelure bien rangée.

Elle est alignée, droite, conforme à l’image qu’il se doit, dans l’univers du pouvoir où le masculin domine : tailleur strict avec juste un zest de dentelle qui dépasse du décolleté autorisé.